AUTHOR: claudine brunon TITLE: Quelques Pigments du "De Arte Illuminandi" DATE: 11/05/2005 11:06:00 AM ----- BODY:
On commence par les noirs artificiels, au nombre de deux dans ce manuscrit italien du XIVème siècle. Il s'agit du noir de vigne et du noir dit de fumée et que l'on nomme maintenant noir de lampe. Le Glossaire de Bernard Guinneau confirme ces deux seuls pigments comme étant employés pour l'enluminure.

Cependant, il y a toute une gamme de pigments que le peintre d'aujourd'hui peut utiliser : le noir indien qui est un noir de lampe dispersé dans une colle de peau ; le noir d'ivoire obtenu par calcination en vase clos de déchets concassés d'ivoire ; le noir de lie de vin obtenu par calcination en vase clos de lie de vin desséchée ; le noir de manganèse ; le noir de mars ; le noir de noyaux ou le noir de pêches fait à partir de noyaux calcinés de divers fruits : pêches, amandes, dattes ... ; le noir d'os obtenu par la calcination d'os concassés et dégraissés ; le noir de Prusse employé au XIXème siècle.

Notons que Cennino Cennini, héritié de Giotto, note dans son Libro dell'Arte du XIVème siècle, la couleur noire faite avec une pierre noire.

Vient ensuite la couleur blanche. L'auteur dit n'avoir trouvé par expérience, qu'une seule bonne couleur pour l'enluminure. C'est le blanc de plomb ou Céruse. Il trouve le blanc d'os brûlés trop pâteux pour le recommander. Bernard Guineau nous propose d'autres couleurs blanches pour l'enluminure : le blanc de coquilles d'oeuf obtenu en pulvérisant des coquilles d'oeufs, le blanc de coquilles calcinées obtenu en pulvérisant des coquillages (huîtres,...) calcinées à l'air libre, le blanc d'étain,

Il existe maintenant, bon nombre de couleurs blanches : le blanc d'argent, le blanc de guanine ou blanc de nacre (XIXème siècle), le blanc de perle, le blanc de titane, le blanc de zinc.

Pour les rouges artificiels, on trouve le cinabre et le minium. Au Moyen Age, le terme minium servait à désigner l'oxyde rouge de plomb. On peut aussi nommer le cinabre artificiel Vermillon. Cette couleur remplace peu à peu le minium dans les rubriques des manuscrits. D'autres veulent les mélanger pour "enluminer de mine". D'autres couleurs bien connues peuvent être ajoutées à ces deux pigments : le rouge de brésil qui est un extrait tincorial d'arbres à bois rouges soluble ; le rouge de cochenille qui est un extrait tinctorial de coccidés ; le rouge de garance obtenu de l'extrait tinctorial de racines de rubiacées ; le rouge de kermès obtenu de l'extrait tinctorial de cccidés ; le réalgar composé de bisulfure d'arsenic ; le sandragon, une sécrétion résineuse se formant sur le fruit de différents palmiers ; le folium qui est un extrait tinctorial des fruits de la maurelle des teinturiers ; la terre de Sinope qui est une ocre rouge.

Il y a aujourd'hui de nombreux rouges à l'usage des peintres : le rouge anglais, le rouge de cadmium, le rouge carmin, le vermillon de Chine, le rouge cramoisi, les oxydes de fer rouge ou ocre rouge, le rouge de mars, le rouge de Venise.

Vient ensuite la couleur jaune. On la fait avec la racine du curcuma ou l'herbe aux teinturiers. Un troisième moyen est de teindre la céruse en jaune avec du safran. Mais à ces trois jaunes, ajoutons quelques pigments utiles à l'art de l'enluminure : le jaune d'étain ou giallolinou massicot, la graine d'Avignon, l'orpiment, l'ocre jaune, l'arzica ou laque de gaude, le genêt.

On trouve d'autres jaunes à l'usage des peintres : le jaune anglais, les jaunes d'antimoine, les jaunes de cadmium, les jaunes de chrome, le jaune citron, les ocres jaune, le jaune indien, le jaune de Mars, le jaune minéral, le jaune de Naples, le jaune de plomb, le jaune de zinc.

Pour le bleu naturel et artificiel, cinq couleurs sont données : le bleu de lapis-lazuli nommé outremer, le bleu d'Allemagne ou azurite, le bleu de cuivre (à partir de lames d'argent), le bleu composé d'indigo et de céruse, le bleu folium. On trouve aussi le bleu de campanule, le bleu égyptien, le bleu de sureau, le bleu de bleuet,

D'autres bleus sont employés : le bleu céruléum, le bleu charron, le bleu de chrome, les bleus de cobalt, le bleu outremer synthétique, le bleu de Prusse, le bleu de smalt.

Deux couleurs vertes sont naturelles : la terre verte et le vert azur ou malachite. Les autres verts sont fabriqués avec du cuivre ou vert-de-gris, du nerprun ou vert-de-vessie, les fleurs d'iris ou vert flambe ou vert des Limbourg.

On pourra trouver pour les peintres : le vert anglais, le vert de cadmium, les verts de cobalt, le vert émeraude, le vert de manganèse, le vert Véronèse.

Vous avez ci-dessus les listes de pigments médiévaux et de pigments modernes.

----- --------